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Lagardère renonce à la commandite et conclut une trêve avec ses actionnaires

Points clés:
  • Lagardère officialise l'abandon de la gérance en commandite
  • Les principaux actionnaires seront représentés au conseil
  • Arnaud Lagardère devient PDG, obtient 10 millions d'actions
  • Aucun actionnaire n'aura le contrôle, Vivendi en embuscade

Lagardère MMB a officialisé mercredi l'abandon de son statut controversé de société en commandite dans le cadre d'un accord avec ses principaux actionnaires, qui auront désormais leur mot à dire sur la stratégie du groupe de médias et d'édition dont Arnaud Lagardère conserve la direction.

Ce projet de transformation en société anonyme, qui sera présenté en assemblée générale le 30 juin, signe une trêve dans la bataille en cours depuis plusieurs mois entre d'un côté le fonds activiste Amber Capital allié à Vivendi VIV et de l'autre Arnaud Lagardère, soutenu par le PDG de LVMH MC, Bernard Arnault.

Il marque une étape clef dans l'histoire de l'ex-fleuron bâti par Jean-Luc Lagardère; qui a vu son périmètre fondre au fil des cessions mises en oeuvre par son fils Arnaud.

"C’est un changement voulu et assumé de ma part sans aucun état d’âme et sans aucun regret", a affirmé le dirigeant de 60 ans lors d'une conférence avec des analystes financiers.

Les principaux actionnaires de Lagardère se sont engagés à voter en faveur du projet, a indiqué le groupe dans un communiqué. Par ailleurs, Lagardère et Amber Capital ont mis fin aux procédures juridiques qui les opposaient.

Le fonds activiste, qui critique depuis plusieurs années la gouvernance et la performance du groupe, a confirmé dans un communiqué distinct soutenir cette évolution.

VIVENDI EN EMBUSCADE

Dans le cadre du projet de transformation, Arnaud Lagardère sera nommé PDG pour une durée de six ans et Pierre Leroy, actuellement co-gérant, directeur général délégué.

La commandite - une structure rarement utilisée - permettait à Arnaud Lagardère d'opposer son veto à toutes les décisions stratégiques bien qu'il ne détienne que 7% du capital.

En compensation du renoncement à ses pleins pouvoirs, l'accord prévoit qu'Arnaud Lagardère et sa holding reçoivent un total de 10 millions d’actions nouvelles qui porteront sa participation à 14%.

Avec cet accord, Arnaud Lagardère a aussi obtenu de maintenir - au moins temporairement - l'intégrité des activités du groupe présent dans l'édition, les médias et la distribution spécialisée dans les lieux de transports.

L'entrée au capital de Vivendi et de Bernard Arnault, qui détiennent déjà des actifs dans les médias, avaient alimenté les spéculations sur un éventuel démantèlement.

Selon le projet, toute cession dépassant un certain seuil de chiffre d’affaires ne pourra être décidée sans l'accord du conseil d’administration à la majorité des trois cinquièmes de ses membres, soit 7 voix sur 11.

Au sein du conseil d'administration, les principaux actionnaires du groupe seront désormais représentés. Vivendi pourra nommer trois administrateurs dont deux indépendants tandis que Qatar Holding, Amber Capital et Financière Agache, la holding de Bernard Arnault, disposeront chacun d'un administrateur.

Aucun actionnaire n'aura le contrôle de la société, que ce soit au conseil ou en assemblée générale, aux termes de l'accord qui ne prévoit cependant aucune clause empêchant un actionnaire de renforcer ou de réduire sa part, ni de "poison-pill" anti-OPA, laissant la voie ouverte à de nouvelles manoeuvres.

"A nos yeux, l'accord ouvre la voie à un changement progressif de contrôle au bénéfice de Vivendi (...)", estiment les analystes de Kepler Cheuvreux dans une note.

En Bourse, l'action de Lagardère a clôturé en hausse de 1,89% à 23,68 euros, valorisant le groupe à

près de 3,7 milliards d'euros.

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