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Eramet déplore le manque d'investissements européens en amont des batteries

L'Europe n'investit pas suffisamment dans la chaîne d'approvisionnement des batteries électriques pour l'industrie automobile, ce qui pourrait avoir un impact sur la production des futures "gigafactories" du continent, a déclaré Eramet ERA.

Le groupe minier peine à attirer des investissements européens pour transformer ses réserves de nickel, de lithium et de cobalt en matériaux pour batteries et pourrait se tourner vers des acteurs non européens, a dit à Reuters Pierre-Alain Gautier, directeur Corporate Affairs et Partenariats.

Les véhicules électriques sont un axe essentiel dans la stratégie de l'Union européenne pour réduire ses émissions de CO², mais l'Europe tente au passage de limiter sa dépendance à l'égard de l'Asie pour l'approvisionnement en batteries via de nombreux projets emmenés par des constructeurs automobiles et des spécialistes des batteries basés en Europe.

Les constructeurs automobiles européens sont cependant réticents à investir dans la production même des matières premières constituant les batteries, privilégiant les contrats d'approvisionnement.

"Il y a un risque que les gigafactories soient vides de matières premières à horizon 2025-2030", a déclaré Pierre-Alain Gautier, soulignant l'importance du financement public pour amorcer des investissements.

"On a besoin d'investisseurs. In fine, si on trouve des partenaires chinois, argentins ou américains, on signera même si la matière (première) partira là-bas, en Amérique ou ailleurs", a-t-il poursuivi.

Selon lui, l'Europe est déjà peu pourvue en groupes chimiques, à l'instar de l'allemand BASF BAS, capables de raffiner les minerais en matériaux pour les cathodes de batteries.

Les ressources en nickel de l'Indonésie, abondantes et bon marché, devraient couvrir la grande majorité de la demande pour les batteries et seraient indispensables pour répondre à l'objectif européen de 600 gigawattheures de capacités de production de batteries d'ici 2030, une ambition qui nécessiterait environ 450.000 tonnes de nickel, a ajouté Pierre-Alain Gautier.

Mais pour lui, l'UE ne devrait pas craindre de dépendre de l'Indonésie à condition que la chaîne d'approvisionnement soit contrôlée par des acteurs européens.

Face à cela, tout en garantissant une empreinte carbone plus faible, la production de nickel prévue en Finlande ne fournirait que quelque 30.000 tonnes, a poursuivi le responsable d'Eramet.

La capacité de production de nickel du groupe en Nouvelle-Calédonie reste quant à elle limitée par des coûts élevés et des tensions sociales.

Eramet estime qu'il pourrait couvrir 20% des besoins en nickel de l'UE en 2030, 25% de ses besoins en lithium et 12% des besoins en cobalt.

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