Le plafonnement des prix du gaz pourrait coûter cher ?
La Commission européenne a proposé un plafonnement des prix du gaz et les ministres de l’UE en charge de l’énergie se sont réunis fin novembre pour en débattre. Les 27 membres n’ont pas réussi à se mettre d’accord…
L’usine à gaz de Bruxelles
Parmi les pays qui souhaitaient ce plafonnement, on trouve l’Espagne et la France. Bruno le Maire a défendu cette idée car elle permettrait, selon lui : “d’imposer un prix maximum aux compagnies productrices”. C’est bien connu que dans une économie de marché, ce sont les clients qui imposent leur prix d’achat aux producteurs dont ils dépendent ! Eh bien ils vendraient leur production à d’autres clients, au prix de marché !
Le Ministre russe de l’Énergie début septembre : “toute démarche pour imposer un plafond aux prix va provoquer un déficit sur les propres marchés (des pays initiateurs) et va accroître la volatilité des prix”.
Les autres ministres n’ont pas le niveau de Bruno le Maire et certains ont bien compris que cette mesure serait avant tout dangereuse. Si Bruxelles plafonne les prix de l’énergie, alors cela viendrait rompre le fragile équilibre entre l’offre et la demande, avec une distorsion des prix en Europe, les cours mondiaux seraient soumis à une très forte volatilité. L’Allemagne et les Pays-Bas, en particulier, ne veulent pas valider à cause d’une flambée des coûts de leur approvisionnement énergétique. Et c’est pourquoi ils font le maximum pour que ce plafonnement des prix soit inapplicable !
La Commission européenne doit sauver la face et montrer aux populations qu’elle reste forte face à Poutine.
Mais en réalité, le mécanisme n’aura aucun impact, car pour qu’il s’active il faudrait : • que le prix du gaz dépasse le montant stratosphérique de 275 € par mégawattheure • qu’en plus, ce montant soit dépassé pendant une durée de 14 jours Avec ces conditions, même au mois d’août dernier, lorsque la crise énergétique était à son paroxysme et que les prix du gaz étaient à leur pic historique, le mécanisme de plafonnement ne se serait pas déclenché !
Pourquoi les prix sont-ils aussi élevés ?
Ils ont créé un problème qui n'existait pas !
La hausse des prix ne vient pas d’une baisse de l’offre mondiale, le principal fournisseur en Europe, la Russie, n’a pas baissé sa production, Gazprom, qui nous livrait le gaz, n’a pas fermé les robinets de ses gazoducs. Alors pourquoi les prix s’envolent ? Parce que les dirigeants européens ont voulu imposer des “sanctions économiques” à l’économie russe début mars, suite à son intervention en Ukraine ! Et pour cela, ils ont déstabilisé la demande mondiale de gaz en : • excluant les banques russes du système SWIFT, ce qui a d’abord compliqué les paiements pour les livraisons prévues en 2022 • décidant de stopper leurs importations de gaz russe fin 2022
Des décisions somme toutes politiques. L’Union européenne a donc créé un bouleversement majeur dans les circuits d’approvisionnements mondiaux, les pays européens ont dû se rapprocher de tous les autres producteurs pour remplacer le gaz russe. Cela a augmenté les tensions sur la demande et les prix ont explosé à des niveaux jamais vu !
On observe un pic fin février (déclenchement de la guerre), mais ensuite le prix redescend et se stabilise.
Il redécolle vraiment à partir de fin juin, suite aux sanctions qui ont obligé à trouver des alternatives au gaz russe ! Aujourd’hui les stocks européens sont pleins pour l’hiver, donc la demande baisse et le cours est retombé à des niveaux acceptables. Que va-t-il se passer au printemps 2023 lorsque que l’Europe va de nouveau devoir importer du gaz de façon massive sans passer par la Russie ? Il est fort probable que la volatilité sur les prix reste importante, car les conditions qui ont fait exploser le prix du gaz en 2022 seront toujours présentes en 2023.
Le plus important, c’est que la bascule historique dans les circuits d’approvisionnement a été faite, cela devrait transformer le marché mondial du gaz à long terme. Le gaz naturel liquéfié (GNL) américain va être le grand gagnant de cette crise énergétique. Et en ce moment, les entreprises américaines se positionnent pour devenir les futurs leaders mondiaux de l’importation de gaz en Europe !
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