Macron veut un carburant à prix... Le président Emmanuel Macron a annoncé dimanche des mesures voulues par le gouvernement pour réduire les prix du carburant et des produits alimentaires en France, déclarant par ailleurs que la politique salariale avait "à peu près" suivi l'inflation et que le Smic était "plus qu'indexé" sur celle-ci.
Au cours d'un entretien d'environ une demi-heure sur TF1 (EPA:TFFP) et France 2, le chef de l'Etat a répondu aussi aux commentaires du pape François sur l'accueil des migrants en Europe et annoncé le rappel de l'ambassadeur de France au Niger où, a-t-il dit, la mission militaire française prendra fin d'ici la fin de l'année.
En amont de la présentation de la planification écologique pour réduire d'ici 2030 les émissions responsables du dérèglement climatique, Emmanuel Macron a souligné par ailleurs que 40 milliards d'euros seraient investis l'an prochain pour la transition écologique et que la France serait le premier pays d'Europe à sortir du charbon, avec la fermeture des deux dernières centrales d'ici 2027.
Face à la hausse des prix du baril de pétrole, "il n'y a pas de solution miracle", a déclaré le locataire de l'Elysée, rappelant que la France n'était pas productrice de brut et citant la géopolitique internationale, et non pas des taxes, pour expliquer les prix élevés.
Il a indiqué que la Première ministre Elisabeth Borne réunirait cette semaine les acteurs du marché pour obtenir des "ventes à prix coûtant", et non pas des ventes à perte, option évoquée plus tôt ce mois-ci par le gouvernement mais rejetée par les distributeurs.
"On veut des ventes à prix coûtant. Les ventes à perte ne seront pas dans le texte", a fait savoir le chef de l'Etat, disant souhaiter des "réponses concrètes, pragmatiques".
"LE BLOCAGE DES PRIX, ÇA NE MARCHE PAS"
S'agissant des prix des produits alimentaires, il a déclaré que le gouvernement voulait un "accord de modération des marges", reprochant à des grands groupes d'avoir maintenu des prix élevés en dépit d'un repli de l'inflation - des critiques déjà formulées notamment à plusieurs reprises par le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
"Le blocage des prix, ça ne marche pas", a-t-il déclaré. Il faut "mettre tout le monde autour de la table, et trouver un accord sur les marges", a-t-il poursuivi, notant que les situations divergeaient pour les petits commerces et les grands groupes industriels.
Concernant l'immigration en Europe, autre thème évoqué durant l'interview, Emmanuel Macron a réagi notamment aux commentaires du pape François, qui a déclaré lors d'une visite à Marseille ce week-end que porter secours aux migrants était un "devoir d'humanité".
"Le pape a raison (...) Mais on doit aussi être rigoureux, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde (...) La France fait sa part", a déclaré le président de la République, ajoutant qu'il ne fallait pas laisser l'Italie "seule", sans donner le nombre de migrants de Lampedusa que la France pourrait accueillir ou non.
Emmanuel Macron a souligné l'importance d'une réponse commune de l'Europe, avec l'implication aussi des pays d'origine et de transit qui, a-t-il noté, reçoivent des aides françaises et européennes.
"Je souhaite que l'on engage avec la Tunisie, en Européens, une politique responsable", a-t-il dit, alors que la ville tunisienne de Sfax est devenue l'un des principaux points de départ des migrants vers l'Europe. Il a ajouté vouloir que les pays de départ et de transit aident à "démanteler les réseaux de passeurs".
UN "COMPROMIS INTELLIGENT" POUR LES TRAVAILLEURS CLANDESTINS
A propos des travailleurs en situation clandestine en France, Emmanuel Macron a exclu l'hypothèse d'un "droit inconditionnel" à la régularisation, soulignant l'importance d'accélérer les procédures et d'être "au diapason de ce que font les pays voisins".
Il a appelé à un "compromis intelligent" pour aider certains travailleurs clandestins tout en s'assurant que, "sur les métiers en tension", les emplois soient occupés par "nos compatriotes".
En matière de politique étrangère, Emmanuel Macron a de nouveau exprimé la vigilance de la France à l'égard de la souveraineté territoriale de l'Arménie, après que l'Azerbaïdjan, dont la Russie est "complice", a-t-il dit, a mené la semaine dernière une opération "antiterroristes" dans le Haut-Karabakh.
Le président de la République a annoncé que l'ambassadeur français au Niger allait rentrer en France "dans les prochaines heures", de même que plusieurs diplomates, et que Paris mettait fin à sa coopération militaire avec Niamey, où une junte militaire a pris le pouvoir le 26 juillet à la faveur d'un coup d'Etat contre le président démocratiquement élu.
Les soldats français basés au Niger "vont rentrer de manière ordonnée dans les semaines et les mois qui viennent", a-t-il indiqué, précisant que leur retour était prévu "d'ici la fin de l'année".
La junte militaire nigérienne a ordonné le mois dernier l'expulsion de l'ambassadeur de France, une demande que Paris - qui ne reconnaît pas les putschistes comme autorité légitime - jugeait jusqu'ici irrecevable.