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Royal Mail: le CA favorable à une nouvelle offre de Kretinsky

International Distributions Services (IDS), maison mère de l'opérateur postal britannique en difficulté Royal Mail, a reçu une offre relevée à 3,5 milliards de livres (4,1 milliards d'euros) du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qu'il se dit enclin à accepter.

Il s'agit à ce stade d'une proposition non contraignante, mais le conseil d'administration d'IDS "entend recommander (à ses actionnaires) ce prix, qu'il considère comme équitable", si une offre ferme devait être faite, a indiqué son président Keith Williams, cité dans un communiqué.

Cette nouvelle offre à 370 pence par action d'IDS faisait s'envoler le titre de l'entreprise ciblée qui a fini la séance de mercredi à la Bourse de Londres sur gain de 15,99% à 314,80 pence.

EP Corporate Group, société du milliardaire qui détient déjà 27,6% d'IDS, avait soumis le 9 avril une précédente proposition à 3 milliards de livres, qui avait été jugée trop faible et rejetée, mais le tchèque disait vouloir "continuer à s'engager de manière constructive" avec le groupe de logistique.

Dans sa nouvelle proposition, EP a accepté de proposer "un ensemble d'engagements contractuels visant à protéger des éléments majeurs d'intérêt général et à reconnaître le statut de Royal Mail en tant qu'élément clé de l'infrastructure nationale", a précisé IDS mercredi.

Parmi ces engagements figurent le maintien d'"un service à prix unique pour l'ensemble du Royaume-Uni et de la livraison en six jours pour les lettres de première classe", la protection de la marque "Royal Mail" ou encore le maintien du siège de l'entreprise au Royaume-Uni.

Le nouveau prix "reflète la valeur des plans de croissance actuels de GLS", branche de livraison internationale d'IDS, "et les progrès réalisés pour adapter Royal Mail à une baisse significative de la demande de lettres et à la croissance du secteur des colis", a ajouté M. Williams.

"Il est cependant regrettable que malgré quatre années que nous avons passées à le demander, le gouvernement n'ait pas jugé bon de s'engager dans une réforme du service universel (de livraison du courrier) et d'améliorer ainsi la situation financière" de Royal Mail, a-t-il ajouté.

- Plus de 500 ans -

L'offre fait déjà polémique dans la classe politique. Le parti travailliste, donné largement gagnant pour les élections nationales attendues cette année, a dit mercredi avoir envoyé une lettre à M. Kretinsky pour demander "des garanties" notamment "que Royal Mail reste domiciliée au Royaume-Uni, y paie des impôts et y conserve son siège social".

"S'il est important" que le Royaume-Uni "reste ouvert et attractif aux investissements étrangers, Royal Mail est une institution britannique emblématique", et le parti "n'acceptera jamais" que l'entreprise opère depuis l'étranger, a souligné dans cette lettre le responsable travailliste pour les entreprises Jonathan Reynolds.

Royal Mail, ancien groupe public dont les origines remontent à plus de 500 ans, privatisé en 2013, a pâti ces dernières années de la baisse du volume de colis à livrer, de graves défaillances dans la distribution du courrier et d'une grève pour les salaires.

L'entreprise a dit récemment envisager des centaines de suppressions de postes et une réduction de la fréquence de distribution de certaines lettres afin d'endiguer ses pertes.

Le groupe a perdu 419 millions de livres en 2022-23, et 319 millions pour les seuls six premiers mois de l'exercice 2023-24, entre envolée des coûts et chute des envois de courriers, remplacés par les emails.

Après avoir construit sa fortune grâce aux énergies fossiles, Daniel Kretinsky a multiplié les investissements dans des pays et secteurs variés: des médias à la distribution, il a notamment récemment pris le contrôle de Casino en France.

"Il ne peut y avoir aucune certitude" qu'une offre ferme sera faite, mais une telle proposition devrait être formulée avant le 29 mai, a précisé IDS mercredi.


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