AFPAFP

Semi-conducteurs: le bénéfice du chinois Smic fond sous l'effet des sanctions américaines

Le principal fabricant chinois de semi-conducteurs, Smic, a annoncé jeudi un recul de son bénéfice net annuel 2023, le premier depuis l'imposition en 2020 de sanctions américaines à son encontre, sur fond de rivalité technologique Pékin-Washington.

Dans ce contexte, le bénéfice net de Smic a baissé de 50% à 902 millions de dollars, sur un chiffre d'affaires en recul de 13% à 6,3 milliards.

"En 2023, l'industrie des semi-conducteurs est entrée dans un cycle descendant en raison de la faiblesse économique mondiale, de la faiblesse de la demande du marché et d'autres facteurs", a simplement déclaré Smic.

Les semi-conducteurs, indispensables à nombre de produits de l'économie moderne, sont présents des téléviseurs aux voitures en passant par les armes, les téléphones ou l'intelligence artificielle.

Ces composants ultra-performants font l'objet d'une âpre rivalité entre la Chine et les Etats-Unis pour leur miniaturisation et l'approvisionnement d'un secteur devenu hautement stratégique.

Washington a mis sur liste noire ces dernières années des entreprises chinoises pour les couper des chaînes d'approvisionnement en technologies américaines et a renforcé vers la Chine les restrictions à l'exportation des semi-conducteurs. Smic est visé par ces mesures.

Smic, coté en Bourse et dont le siège est à Shanghai, est le principal concepteur de puces en Chine.

Malgré des avancées notables ces dernières années, ses performances techniques restent bien inférieures à celles du taïwanais TSMC, qui produit plus de la moitié des puces dans le monde.

Mais "le fleuron chinois des fabricants de puces" a fait des "progrès dans des domaines de pointe" à grand renfort "de subventions d'Etat", indique à l'AFP Garry Ng, un économiste de Natixis.

- Quête d'autonomie -

Smic est parvenu, selon des experts, à produire une puce de 7 nanomètres, une miniaturisation jusque-là impossible sans technologies étrangères et qui interroge sur l'efficacité des sanctions américaines.

Le chinois Huawei, lui aussi placé sous sanctions américaines, a dévoilé l'été dernier un smartphone ultra-performant, qui serait justement équipé de cette puce selon des informations de presse et des experts.

Huawei et Smic n'ont jamais confirmé ou démenti ces affirmations ni fait de commentaires sur les capacités de la puce de 7 nanomètres en question, qui constituerait une prouesse pour l'industrie chinoise.

Les plus petites puces en production dans le monde sont actuellement de 3 nanomètres.

La fabrication de puces est extrêmement complexe. Nombre d'étapes dépendent des Etats-Unis, ainsi que des Pays-Bas et du Japon, dont les entreprises détiennent le quasi-monopole de la production de machines de lithographie, indispensables à la miniaturisation des puces sur des plaques très fines de silicium.

Cela donne un avantage majeur à ces trois pays qui, de facto, possèdent une influence considérable sur la production mondiale des semi-conducteurs.

Les Pays-Bas se sont récemment joints aux Etats-Unis et au Japon pour restreindre l'exportation vers la Chine d'équipements de pointe pour la fabrication de puces.

Sous pression américaine, ASML, géant néerlandais des semi-conducteurs, a ainsi interdit en janvier l'exportation de ses machines les plus performantes.

La Chine, qui cherche à devenir autonome dans la conception de semi-conducteurs, estime que ces mesures visent à maintenir la suprématie des Etats-Unis dans ce domaine.

"Le peuple chinois a également des droits légitimes au développement, et aucune force ne peut arrêter le rythme du progrès scientifique et technologique de la Chine", a déclaré mercredi le chinois Xi Jinpin au Premier ministre Mark Rutte, en visite à Pékin, selon l'agence de presse officielle Xinhua.

Le géant asiatique, qui manque cruellement de semi-conducteurs de pointe, reste très dépendant de l'approvisionnement étranger.

Le pays a dépensé ces dernières années des dizaines de milliards d'euros pour tenter de rattraper son retard.