AFPAFP

Nestlé: baisse de ses ventes plombées avec le recul des volumes en Amérique du Nord au 1T

Nestlé chute en Bourse jeudi après la publication trimestrielle de volumes de ventes inférieurs aux attentes face à une faible demande des consommateurs en Amérique du Nord, à l'heure où le groupe suisse a pourtant besoin de rassurer après les remous sur ses eaux minérales.

Le géant de l'alimentation - propriétaire entre autres des dosettes de café Nespresso, bouillons Maggi et barres chocolatées KitKat - a publié un chiffre d'affaires en baisse de 5,9% par rapport au premier trimestre l'an passé, à 22,1 milliards de francs suisses (22,5 milliards d'euros), en-deçà des prévisions.

Les analystes interrogés par l'agence suisse AWP l'attendaient en moyenne à 22,3 milliards de francs. Les effets négatifs de changes ont pesé à hauteur de 6,7%, a détaillé le groupe dans un communiqué.

Si de nombreux analystes s'attendaient à un recul des volumes, leur contraction a été beaucoup plus marquée que prévu, se chiffrant à 2%, contre repli de 0,7% prévu par les analystes.

Le groupe a attribué cette baisse des volumes "à la faible demande des consommateurs en Amérique du Nord" en particulier dans les produits surgelés, les volumes y chutant de 5,8%.

Nestlé a réaffirmé ses objectifs pour 2024. Son directeur général, Mark Schneider, s'attend à un "point d'inflexion" au deuxième trimestre, "avec une forte croissance par la suite". Le groupe vise toujours une croissance organique de ses ventes d'environ 4% en 2024.

Mais le maintien de ces objectifs n'a pas suffi à rassurer les investisseurs. A 10H00 GMT, le titre flanchait de 3,34% à 90,84 francs suisses, pesant sur le SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, qui perdait 0,65%.

Cette faiblesse des volumes n'est pas de nature "à rassurer les investisseurs qui attendaient des signes d'amélioration au vu des résultats de ses concurrents", a réagi Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier. Le Français Danone a dévoilé la semaine dernière des volumes en hausse malgré une baisse du chiffre d'affaires sous l'effet de son retrait de Russie.

"De plus, le flux de nouvelles négatives ces dernières semaines (activité de l'eau en France, niveaux de sucre dans les marchés émergents, etc) soulève des inquiétudes parmi les investisseurs", a-t-il ajouté.

- Pression sur le cacao et robusta -

Le propriétaire des marques Perrier, Contrex et Vittel a été secoué par des révélations de presse en France et en Suisse concernant des traitements interdits d'ultraviolets et de filtres au charbon actif sur certaines de ses eaux en bouteille. La semaine passée, l'ONG Suisse Public a de son côté mis en cause ses produits pour bébé, affirmant que des produits comme les céréales pour bébés Cerelac contiennent du sucre ajouté dans des pays comme les Philippines, le Nigeria ou le Sénégal, alors qu'elles n'en contiennent pas du tout en Allemagne ou au Royaume Uni.

"Au cours des derniers mois, le sentiment des investisseurs à l'égard de Nestlé n'a jamais été aussi faible depuis plus de 25 ans", a renchéri Patrik Schwendimann, analyste à la banque cantonale de Zurich, dans un commentaire de marché, qui estime que des améliorations "significatives" vont être nécessaires "dans les trimestres à venir".

Au premier trimestre, la croissance organique, un indicateur que les analystes utilisent pour jauger ses ventes hors effets de changes et fusions ou acquisitions, a chuté à 1,4% (contre 9,3% au premier trimestre 2023) sous l'effet d'un net ralentissement des hausses de prix. Elles se sont limitées à 3,4% au premier trimestre 2024, contre 9,8% au premier trimestre l'an passé.

A l'échelle du groupe, le patron de Nestlé s'attend maintenant à des hausses "très modérées" de prix durant le reste de l'année.

Mais certaines matières premières sont encore sous pression, comme le cacao ou le café, "en particulier le robusta, a reconnu M. Schneider, lors d'une conférence téléphonique.

Nestlé utilise toutefois des instruments de couverture pour ces matières premières et pour l'instant "il est encore difficile de dégager une tendance générale" quant à l'impact sur les prix, les décisions se faisant par marques, pays et état de la concurrence, a-t-il expliqué.