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Aux Etats-Unis, la Fed devrait changer de ton face au rebond de l'inflation

Des taux élevés pendant plus longtemps: face au récent rebond de l'inflation, la prudence devrait dominer lors de la réunion de la banque centrale américaine (Fed), mardi et mercredi, malgré le ralentissement de la croissance des Etats-Unis au premier trimestre.

La Fed devrait dire "que sa confiance dans le retour durable de l'inflation vers 2% a diminué", selon Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.

Elle ajoute que la Réserve fédérale devrait, par conséquent, se montrer "prête à maintenir les taux d'intérêt aux niveaux actuels jusqu'à ce qu'elle perçoive des signes clairs montrant que la désinflation est de retour".

Les marchés étaient, il y a quelques semaines encore, pleins d'espoir de voir les taux commencer à baisser en juin. Mais à présent, ils misent plutôt sur septembre, voire même novembre, selon l'estimation de CME Group.

Car l'inflation, qui avait nettement ralenti au cours des derniers mois de 2023, a depuis accéléré de nouveau, à 2,7% sur un an en mars, selon l'indice PCE privilégié par la Fed, qui souhaite ramener la hausse des prix à 2%.

Une autre mesure de l'inflation, l'indice CPI, sur lequel sont notamment indexées les retraites aux Etats-Unis, a également accéléré le mois dernier, à 3,5% sur un an.

Cela avait d'ailleurs conduit le président de la Fed, Jerome Powell, à changer de ton, avertissant qu'il faudrait sans doute "plus longtemps que prévu" pour être certains que l'inflation ralentisse de façon durable.

- "Septembre au plus tôt" -

Car l'institution chargée de la politique monétaire veut à tour prix éviter de voir les prix recommencer à flamber. Mais il va lui falloir jouer serré, pour ne pas lancer le mouvement trop tard, ce qui pourrait alors peser sur l'économie et faire grimper le taux de chômage.

Depuis juillet, le principal taux directeur de la Fed se trouve toujours dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, son plus haut niveau depuis plus de 20 ans.

Cela a pour effet de maintenir à un niveau élevé les taux d'intérêts des prêts immobiliers, cartes de crédit, prêts pour acheter une voiture,... Et donc d'empêcher les prix de continuer à flamber.

"Compte tenu de la dynamique de l'économie et des prix, nous ne pensons pas que la Fed envisage sérieusement d'assouplir sa politique monétaire avant sa réunion de septembre au plus tôt", estime également Ben Ayers, économiste pour la compagnie d'assurances Nationwide.

Il voit même "un risque que la résilience économique accrue repousse toute baisse des taux jusqu'en 2025, un risque majeur pour la croissance l'année prochaine".

- Première baisse en 2025 ? -

Le premier trimestre 2024 a pourtant vu ce que la Fed attendait depuis le moment où elle avait commencé à relever ses taux, il y a deux ans: un ralentissement de la croissance économique, après une année 2023 bien plus vigoureuse qu'attendu.

Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a progressé de 1,6% en rythme annualisé sur les trois premiers mois de 2024, contre 3,4% au 4e trimestre 2023.

Mais cela ne suffira sans doute pas à convaincre la Fed, selon Diane Swonk, cheffe économiste pour KPMG.

"Le ralentissement de la croissance du PIB était probablement temporaire et masquait la vigueur sous-jacente de la demande. L'accélération des dépenses dans le secteur des services (...) a attisé les flammes de l'inflation", souligne-t-elle.

Elle fait elle aussi état de "craintes" quant au fait que la Fed ne soit peut-être même pas en mesure "du tout" de réduire ses taux en 2024.

"Il reste encore beaucoup de temps avant septembre, mais deux baisses de taux (en 2024) semblent plus difficiles à justifier", et certains responsables de la Fed "mettront probablement sur la table la possibilité d'une nouvelle hausse des taux".